Armes, armoiries, blason, écu... : mise au point

Publié le par Godefroy de Nancey

Armes, armoiries, blason, écu, écusson... Autant de mots qui semblent bien souvent rigoureusement interchangeables, et que de nombreuses personnes – y compris certains historiens – utilisent pour désigner les mêmes choses. C'est une erreur ; chacun de ces termes (à l'exception des mots armes et armoiries, synonymes) recouvrent une réalité héraldique différente. Aussi ai-je décidé de faire cette petite mise au point sur la définition précise et exacte de chacun de ces termes, et mettre en garde contre quelques erreurs courantes en matière d'héraldique.



Armes : En héraldique, synonyme d'armoiries, terme qu'on lui préfère généralement. Son utilisation est assez malaisée pour deux raisons : la première, c'est qu'il peut, selon le contexte, y avoir confusion avec l'armement. Qu'entend-on en effet par armes lorsqu'on parle des armes que porte un chevalier ? La deuxième source de confusion vient du pluriel de ce mot invariable, ce qui peut être gênant quand on veut parler d'une singularité.



Armoiries : La définition la plus complète reste, encore aujourd'hui, celle que Remi Mathieu donne dans son livre, Le système héraldique français : « Ce sont des emblèmes en couleur, propres à une famille, à une communauté ou, plus rarement, à un individu, et soumis dans leur disposition et dans leur forme à des règles spéciales, qui sont celles du blason. Certains caractères distinguent nettement les armoiries du Moyen Âge des emblèmes préexistants. Servant le plus souvent de signes distinctifs à des familles, à des groupes de personnes unies par les liens du sang, elles sont en général héréditaires. Les couleurs dont elles peuvent être peintes n'existent qu'en nombre limité. Enfin elles sont presque toujours représentées sur un écu. » Ce terme est synonyme d'armes, bien que certains puristes réservent ce deuxième mot à la seule représentation de l'écu et appellent armoiries l'écu accompagné d'ornements extérieurs.



Armorial : Recueil de blasons (descriptions), et éventuellement de dessins d'armoiries. Exemple : extrait de l'armorial de Bellenville (1364-1386) :

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Armorié : Adjectif désignant un support sur lequel figurent des armoiries. Dans l'exemple suivant, tiré du Codex Manesse, le chevalier a un écu, une cotte, une bannière et une housse de cheval armoriés.

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Armoyé : Armorié, en ancien français.



Blason : Le premier sens de ce mot est la définition, c'est-à-dire la description technique, orale ou écrite, d'armoiries, alors que ce dernier terme désigne une représentation visuelle, matérielle. Ainsi, le blason de Lorraine est d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent, mais il ne s'agira pas du dessin correspondant à cet énoncé. Par extension, le mot blason désigne l'étude et la connaissance de l'art et de la science héraldique, l'ensemble des règles qui composent l'héraldique. On parle d'art du blason, de science du blason. De très nombreuses personnes usent, par abus de langage (et il s'agit là de l'erreur la plus courante), du mot blason pour désigner la représentation matérielle d'armoiries ; même si ce sens a finit par être toléré, il vaut mieux l'éviter.



Blasonnement : Néologisme forgé pour éviter les confusions. Certaines armoiries ont, en effet, plusieurs façons, différentes mais tout aussi justes, de les décrire. Or il s'agit du même blason. Le mot blasonnement désigne un texte déterminé, une variante, d'un blason. Il peut donc y avoir plusieurs blasonnement pour un même blason.

 

Écu : L'écu est une surface délimité, sur laquelle on place les armoiries. Il peut avoir des formes variables, la plus courante (mais non la seule) étant un triangle isocèle, pointe en bas, et dont les deux côtés égaux sont convexes. Cette dernière forme, elle-même de proportions variables, est dite écu classique.

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Écu armorié : Écu sur lequel figure des armoiries. Cette expression est pratique lorsqu'on veut désigner sans ambiguité une singularité, ce qu'on ne peut pas faire avec les mots armes et armoiries.



Écusson : Petite figure en forme d'écu placé dans certaines armoiries, comme dans l'exemple suivant (armes de la famille Weinsberg) : de gueules à trois écussons d'argent.

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Ce mot est souvent, par erreur, employé pour désigner un écu.



Héraldique : Nom commun et adjectif. Ce mot, forgé au XVIIe siècle à partir de héraut, recouvre en réalité deux définitions, très proches. Tout d'abord, c'est une science. En tant que telle, l'héraldique désigne, selon la définition de Théodore Veyrin-Forrer, la « connaissance des règles selon lesquelles les armes doivent être composées, définies, reproduites et transmises. » Enfin, l'héraldique est aussi un art. Il s'agit alors de l'exécution et de la reproduction peinte, gravée, sculptée, tissée, brodée, imprimée, dessinée, etc., visuelle en un mot, d'armoiries, conformément aux règles de la science héraldique.

Deux erreurs courantes à propos de l'éhéraldique : le h initial du mot n'est pas aspiré, et, par conséquent, on ne dit pas *« la héraldique », mais bien « l'héraldique ». Enfin, le mot *héraldisme n'existe pas.



Héraldiste : Spécialiste de la science héraldique (comme un historien spécialisé), et parfois également de l'art héraldique (comme un artiste spécialisé dans la représentation d'armoiries).



Héraut : Personnage au service d'un seigneur ou d'un prince, d'abord simple messager et ambassadeur, puis également, avec le développement de l'héraldique, spécialiste d'héraldique, de diplomatie, chargé d'organiser l'ost avant la bataille et les tournois en temps de paix, de faire les annonces publiques, et d'arbitrer les tournois. Il relate et consigne également les grands faits d'armes ; il identifie les morts et recence les prisonniers lors d'une bataille, transmet la nouvelle des victoires ; enfin, il établit les armoriaux. La carrière des hérauts devient strictement réglementée au XIVe siècles, époque à laquelle ils s'organisent hiérarchiquement en poursuivants d'armes à la base, hérauts d'armes, puis rois d'armes au sommet de la hiérarchie. Ces derniers sont à la tête d'une marche d'armes, circonscription héraldique. Les hérauts d'armes, avec cette hiérarchie, existent encore aujourd'hui dans certains pays, notamment monarchiques.

 

Publié dans Techniques du blason

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G
La Fédération des Chemins de la guerre de Cent Ans organise à Gargilesse (Indre, 36) la 7eme édition de son colloque annuel le samedi 4 avril 2020.<br /> <br /> Le thème de cette année sera : « L’Homme et l’animal pendant la guerre Cent Ans ».<br /> <br /> La place de l’animal dans l’héraldique s’inscrirait parfaitement dans notre journée. Seriez-vous disponible pour intervenir sur ce sujet ?<br /> <br /> Tous nos colloques sont publiés dans la revue de l’Académie du Centre.<br /> <br /> Vos frais de déplacement, nuitée, et repas sont pris en charge par la Fédération.<br /> <br /> Les interventions sont de 30 minutes. <br /> <br /> Vous pourrez voir sur notre site le programme des 6 éditions précédentes.<br /> <br /> Je me teins à votre disposition pour évoquer ce projet avec vous.<br /> <br /> Dans l’attente de vous lire,<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Alexandre Godin<br /> Président de la Fédération des Chemins de la Guerre de Cent Ans<br /> Président des Amis du château de la Prune-au-Pot<br /> 06 03 95 61 67<br /> http://www.cheminsguerrecentans.com/
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N
il conviendrait de supprimer les commentaires imbéciles. N'est-ce pas ?
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C
cc je t'aime pas lol
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A
c est nul
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